• Auteur/autrice de la publication :
  • Temps de lecture :15 min de lecture

C’est un désastre qui n’avait pas été annoncé mais qui balaye la France en août 1914 : la guerre et la mort. La mort qui laisse derrière elle des milliers de corps, tombés sur le champ de bataille et pour laquelle l’armée prise dans la tourmente n’était pas préparée.

Où sont enterrés les soldats de la Grande guerre ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, avant 1914 les soldats n’avaient pas droit à la tombe individuelle que leur sacrifice à la guerre aurait pu suggérer comme étant légitime, loin de là. Ils étaient simplement enterrés dans des fosses communes, bien souvent non identifiés, laissant les familles dans l’impossibilité de ses recueillir sur leur tombe.
C’est la loi du 29 décembre 1915 qui établit que « tout militaire mort pour la France a droit à une sépulture perpétuelle au frais de l’Etat ».
Mais la réalité du terrain est tout autre. Dès août 1914, les troupes françaises sous la pression allemande reculent et font face à un nombre de mort improbable. C’est donc dans la précipitation que les corps sont enterrés à la va-vite, dans des tombes éparses, des fosses communes, voire dans des cimetières communaux situés à proximité des lieux de bataille.

MAM basques Craonnelle
Le monument des Basques, Craonnelle, Aisne

Quel est le plus grand cimetière militaire français ?

Notre-Dame-de-Lorette est la plus grande nécropole nationale où reposent plus de 42000 soldats. Constituée de plusieurs cimetières, elle a été érigée provisoirement en lieu de sépulture lors des terribles batailles entre 1914 et 1915, opposant les forces françaises et allemandes pour la tenue de la colline de Lorette, lieu stratégique sur le territoire d’Alban-Saint-Nazaire dans le Pas-de-Calais. Choisi comme lieu de mémoire, le site accueille le premier pèlerinage en 1921. Inaugurée en 1925, la chapelle est édifiée par Louis-Marie Cordonnier. Cet architecte français est né à Haubourdin (Nord) le 7 juillet 1854, mort le 20 novembre 1940 à Peyrillac-et-Millac (Dordogne), fils de Jean Baptiste, architecte également et de Rosalie Catherine Cambron. La tour de la lanterne projette sa lumière à des kilomètres alentours, rappelant à chacun le sacrifice des hommes tombés sur le champ de bataille.
En 2014, l’anneau de la Mémoire est inauguré. Il rassemble le nom de 58.000 soldats morts entre 1914 et 1918.
On compte en France 265 nécropoles nationales. C’est la loi du 29 décembre 1915 qui permet le regroupement des soldats MPLF. C’est par là qu’il faudra débuter votre recherche pour détailler le parcours de votre ancêtre militaire comme nous le présentons dans des articles dédiés.

Comment retrouver la sépulture de soldats ?

Mémoire des hommes : la base Sépultures de guerre

Pour retrouver la sépulture d’un Poilu dans une nécropole nationale (comme nous l’avons fait dans nos recherches sur le soldat Clédon et la nécropole nationale de Riche en Moselle), on procédera à une recherche en ligne par nom, dans la base de données « Sépultures de guerre » qui rassemble 700.000 noms sur le site Mémoire des hommes, rubrique « Conflits et opérations » > « Sépultures de guerre ». Y sont rassemblées, les sépultures des carrés militaires communaux, des nécropoles nationales mais aussi des cimetières militaires à l’étranger entretenus par le ministère de la Défense. Cette mise en ligne a été permise par le travail de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre en 2004.
Sont concernées les personnes décédées lors de conflits contemporains mais aussi de la guerre 1870-1871.

L’absence de réponse peut signifier que :

  • le soldat n’a pas été identifié.
  • Qu’il a été porté disparu (il y a alors un jugement déclaratif de décès).
  • Que la famille a demandé la restitution du corps et que le soldat a été enterré dans un cimetière communal.
  • Pensez à plusieurs orthographes du nom (retrouvez nos conseils dans notre article détaillé sur le sujet).

Le Mémorial virtuel du Chemin des Dames

memorial chemin des dames

Le Mémorial virtuel du Chemin des Dames est une base de données en ligne des soldats de toutes nationalités qui ont combattu et sont tombés au Chemin des Dames pendant la Grande Guerre. On peut interroger cette base via un formulaire où l’on renseignera un nom et un prénom.
Il est possible de soumettre une fiche sur un combattant ou de proposer d’en compléter une si on possède plus d’informations.

Les carrés militaires dans les cimetières communaux

Devant cette mort en masse, les familles comme l’Etat restait désemparé et les mesures concrètes pour offrir une sépulture digne à ces milliers de combattants furent difficiles à mettre en place.
Les familles souhaitaient que leurs proches tombés pour la France reposent auprès d’eux. Cela n’était pas toujours possible car il restait de nombreux disparus et des corps non identifiés. La confusion était totale et de nombreuses années furent nécessaires pour créer ces lieux de sépulture d’autant que certains comme Louis Barthou, député des Basses-Pyrénées, s’opposait à ce regroupement des corps au sein d’un cimetière militaire, préférant qu’il puissent reposer dans la tombe familiale.
Malgré tout, des milliers de soldats furent inhumés dans les cimetières communaux et 2170 carrés militaires communaux ont été créés en France.
Il conviendra donc de chercher directement sur place. La mairie peut fournir des renseignement et disposer d’un registre.

Cimetières du 64 avec possibilité de recherche en ligne

Pour chaque défunt seront indiqués : les nom, prénoms, dates de naissance et décès, les autres défunts inhumés, l’emplacement de la tombe dans le cimetière.

Vous pouvez également tenter une recherche sur le plan national sur le site Cimetières de France.

Transfert de corps de soldats morts pour la France

Transfert et restitution des corps

Le transport des corps est interdit dans la zone armée par Joffre en novembre 1914.
C’est la loi des Finances du 31 juillet 1920 qui autorise, au frais de l’Etat, le transfert des corps des militaires et marins morts pour la France entre le 2 août 1914 et le 24 octobre 1919, ainsi que des victimes civiles et des réfugiés des départements envahis.

Documents conservés

Les documents sont classés dans les fonds de la Préfecture conservés aux Archives départementales, à Pau, pour les années 1921-1923 (cote 4 M 150-154, « Transfert de corps de soldats morts pour la France »).

  • Zone des armées de mars 1921 à septembre 1923
  • Zone intérieure : exhumation des corps de militaires de 1922 à 1923.

Le transport de corps (civils)

Le transfert de corps pour les civils est soumis à une stricte réglementation : un dossier était établi, à la demande des familles, réunissant un certain nombre de documents (certificat du médecin attestant que le défunt n’était pas atteint du maladie contagieuse, certificat de prise en charge du corps par une entreprise, motivation de la demande d’exhumation, certificat de décès …) et soumis à l’approbation de la Préfecture ou des Sous-préfectures. C’est la procédure suivie par le maire d’Orègue pour Paul-Joseph Lafitte engagé volontaire dans le 49e régiment d’infanterie de Bayonne, mort en 1919.

Ces fonds sont donc à chercher à Pau (série M et Z) et à Bayonne (série Z, sachant que les fonds des sous-préfectures de Bayonne et Mauléon ont été numérisés et sont consultables en ligne sur le site internet des Archives départementales).


Sources documentaires

Cette publication a un commentaire

Les commentaires sont fermés.