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Ce fait divers ne relève pas d’une enquête de police ni d’un article de journal mais d’une transcription d’acte de décès que l’on doit au maire d’Abense-de-Haut de l’époque, André Etchart. Voici ce qu’il écrit : Le sept nivôse deuxième année de la république française une et indivisible [27 décembre 1793] comparaissent devant nous Jean Pierre Detchandy, juge de paix et officier de police judiciaire du canton de Sunharette (domicilié maison Goihenneche), Anne Rospide, 65 ans environ, et Arnaud Garat dit Jauréguy.

Déclaration de décès et procès verbal, Archives départementales de Pyrénées-Atlantiques, 5 MI 17

Ces deux derniers, sont la femme et le fils de Pierre Garat dit Rospide, maçon, âgé de 58 ans, la victime. Le fils déclare au maire que son père « serait mort de mort violente et à la suite d’une blessure reçue de Joseph Marmissolle de Tardetz (sic). » Pierre Garat a ensuite été transporté dans sa maison de Rospide où il est décédé. Le procès-verbal dressé par Jean Pierre Detchandy, suite à la plainte du fils Garat, précise que les faits se sont produits le lundi précédent, c’est-à-dire le 3 nivôse (23 décembre).

Les événements ont eu pour cadre, le bar dudit Joseph Marmissolle à Tardetz. Celui-ci, sans qu’on n’en connaisse les raisons, aurait assené à Pierre Garat, qu’on suppose être un client, un coup de bûche sur la tête l’avant-veille de Noël.

Quatre jours plus tard, Jean Pierre Detchandy et deux « notables assesseurs » d’Abense-de-Haut, Arnaud Irigaray et Jean Etchecopar dit Argat, se rendent à la maison Rospide d’Abense pour constater le décès. Ils montent à la chambre où gît le défunt. Ils sont accompagnés par une sorte de médecin légiste, Arnaud Etcheberry, chirurgien. Ames sensibles s’abstenir, voici son rapport :

[Il] « auroit trouvé une playe couleuse dans la longueur de deux pouces et demi à la partie inférieure et lattérale droite de l’os coronal […] ; l’effet et les accidents primitifs de ce coup furent celuy de procurer une hémorragie considérable par la playe et par le nez, les secondaires furent la fièvre, l’assoupissement, le délire et enfin, la mort qui s’en est suivie »
Il conclut que « l’ensemble de ces accidents réunis ne lui laissent aucun doute sur l’existance (sic) d’une fracture interne dans le crâne et dans un lieu à ne point permettre l’application du trépan, opérée par le contre coup ; la commotion et l’affaissement du cerveau était si considérable qu’il ne pouvait éviter la mort. » Pour son voyage, la visite et son rapport, Monsieur Etcheberry reçoit la somme de 6 livres.
Au vu de ces déclarations, le maire note que « par le rapport dudit chirurgien il paroit que ledit feu Garat dit Rospide est mort de mort violante (sic), et qu’il a été tué par quelqu’arme contendant ou à la suite des blessures qu’il a reçu par un pareil arme [1]. En conséquence et attendu que la cause de la mort est connue, nous avons déclaré que rien ne s’opposait à ce que ledit cadavre ne fut inhumé suivant les formes ordinaires. »

Déclaration de décès et procès verbal, Archives départementales de Pyrénées-Atlantiques, 5 MI 17

De nos jours, on parlerait de coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Mais dans l’état de nos connaissances, il nous est impossible de savoir si cette triste affaire a eu ou non des suites judiciaires…

[1] arme est bien écrit au masculin

L’acte en ligne sur earchives